Petite promenade dans Avignon… Vous arrivez devant le portique du Palais du Roure : Au XIXe siècle, l’hôtel de Baroncelli-Javon fut désigné par Frédéric Mistral qui le fréquentait assidûment, sous le nom de « Palais du Roure » (palais du chêne). Il devint alors un foyer de renaissance de la culture provençale.
En 1908,
l’Hôtel fut vendu par la famille. Après avoir subi des préjudices considérables, il fut sauvé
in extremis en 1918 par Jeanne de Flandreysy, dont je présente un rare ouvrage à la vente aujourd'hui (dans
deux présentations différentes). Femme énergique et déterminée, collaboratrice
du mécène marseillais Jules-Charles Roux, grande admiratrice et amie de
Mistral, elle décida dès lors de se consacrer corps et âme à « l’œuvre de sa
vie » : rendre son prestige à cette demeure.
Son mariage,
en 1936, avec le commandant Espérandieu, éminent archéologue et membre de
l’Institut, apporta une dimension nouvelle à l’institution, par la création de la Fondation Flandreysy,
dont la ville d’Avignon hérita par donation en 1944.
Une aile est
consacrée aux bibliothèques et archives concernant tout particulièrement la Provence et les régions de
langue d’oc ainsi que la littérature de l’Italie du Moyen Age (Pétrarque,
Dante…) et des pays latins en général.
Le Palais du Roure propose au visiteur des collections parfois inattendues,
comme ces quelques souvenirs du philosophe et économiste britannique John
Stuart Mill qui mourut à Avignon en 1873. Parmi ses trésors, la maison renferme
un ensemble fort riche de mobilier provençal, un plafond peint de la fin du XVeme siècle, de rares toiles
peintes murales du XVIIIeme siècle, une galerie consacrée à l’œuvre du peintre symboliste belge Henry
de Groux (1867-1930) qui séjourna dans ces lieux.
Un étage est
consacré à l’ethnographie provençale : santons et crèches du XVIIIeme au XXeme siècle, costumes
traditionnels, art populaire, outils anciens. On peut aussi y découvrir la
célèbre patache (diligence) de Maillane et la presse qui servit à imprimer la
première édition de Miréio en 1859, chef d’œuvre de Frédéric Mistral, ainsi que
l’Aïoli, journal provençal créé au palais du Roure par Mistral et Folco de
Baroncelli (1869-1943).
On mesure une fois de plus le courage, l’obstination, la
force qu’il a fallu à cette femme pour mener à bien cette œuvre, au milieu des
jaloux, des incompréhensions et des sourires sceptiques... Il n'est donc pas
surprenant qu'elle ait consacré une de ses œuvres à la place de la femme au
XIXeme siècle. Son essai sur La Femme et l'Amour dans la littérature
française du XIXeme siècle, construit comme une trilogie autour de quelques
auteurs emblématiques (leurs écrits, ce qu'ils en ont dit, ce que nous pouvons
en penser) conviendra également aux féministes qui défendent les femmes qu'aux
machistes qui les vénèrent… Pierre
FLANDREYSY (Jeanne de). Essai sur la femme et l'amour dans la littérature française au XIXeme siècle. Paris, Librairie des annales et Librairie Nilsson, sd (1920). Un volume in-8. Broché sous couverture bleutée. [2ff bl], [2ff-titre], VIII, 427pp. Vignettes, lettrines et culs de lampe. Beau papier sans rousseurs. 25 € + port
FLANDREYSY (Jeanne de). Essai sur la femme et l'amour dans
la littérature française au XIXeme siècle. Paris, Librairie des annales et
Librairie Nilsson, sd (1920). Un volume grand in-8. Broché sous couverture cartonnée
illustrée. [2ff bl], [2ff-titre], VIII, 427pp. Vignettes, lettrines et culs de
lampe. Grand papier. Tirage de tête sur papier de Hollande (41/50). Vendu
2 commentaires:
"– En juin, quinze à vingt jours de mer me seraient très salutaire. Si tu vois la Flandreysy, lance là à ce sujet sur son amant. Je tire toujours des plans pour mes arrangements futurs." Octave Uzanne, lettre à son frère Joseph (extrait), avril 1907 depuis sa villégiature de St-Raphaël.
Le volume est en bonne place.
Merci
B.
Octave semble avoir été un combinard de première ! Nul doute que Jeanne de Flandreysy fut moins calculatrice avec l'Uzanne ;-)) Pierre
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