J'étais, ce matin, à Marseille où nous préparons avec Bernard Avella un hommage à Louis Jou – l'architecte du livre - sous forme d'une exposition de quelques unes de ses œuvres du 7 au 16 mars dans sa librairie. Nous avons été aidés en cela par la librairie in Quarto qui nous a gentiment prêté quelques exemplaires somptueux, pour l'occasion. Vous pouvez cliquer ici pour voir l'affiche de l'expo. Comme je rentrais de Marseille par le train, tout à l'heure, je me suis souvenu, en descendant les marches de la gare de Tarascon, que c'est à ce même endroit que Tartarin revint de son périple africain pour nous faire un discours dont tout le monde se souvient encore…
" Monsieur le Maire, Messieurs les conseillers municipaux, chers concitoyens et amis, et toute la compagnie, sans oublier personne, pas même vos dames et vos demoiselles, que nous avons malheureusement pas le plaisir de se trouver, ce midi, parmi elles. Je ne suis pas de ceuss-là que je camoufle la vérité : L'heure elle est grave. Tous les jours et quotidiennement, ils se passent des événements actuels qu'ils sollicitent les pouvoirs publics et renversent les pronostics.
Aujourd'hui, le pays tout entier, depuis Arles jusqu'à Avignon, il a les yeux braqués sur Tarascon, où le corps électoral va faire, une fois de plus l'épreuve de votre indéfectible patriotisme, dans l'union, le progrès et toute la lumière. La camionnette des affaires publiques, elle s'est enfangée dans un marécage de turpitudes où foisonnent l'escroquerie et la débandade. Ce n'est diable pas le moment de faire comme ces bysantins du moyen-age qu'ils jouaient de la clarinette tandisse que les oies du capitole s'égosillaient sur les ruines d'Athènes ! Des Escandales funestes, que les causes elles nous sont que trop connues, sont divulgés dans nos campagnes riantes et nos cités tentaculaires par le libertinage, la parcimonie et le baccara. Les conseillers municipaux de Tarascon, tous les tarasconnais ici assemblés devant moi, ils me connaissent et je les connais : nous nous nous connaissons. Ils sont l'un des miens comme je suis l'un des nôtres. Notre solidarité, ainsi que les petits ruisseaux font les grandes rivières, nous conduira, nous aussi, au port des assainissements salutaires, socials et sans tempêtes.
Tournons-nous donc comme un seul homme vers nos adversaires, dévisageons-les des pieds à la tête, sans peur et sans reproche, et disons-y à tous : Proches et lointains, grands ou petits, riches ou pôvres, hommes et femmes... " Faites attention, Messieurs, y-a pas que les montagnes qu'elles se rencontrent ! ". Y faut qu'une porte, elle soye ouverte, chers tarasconnais, ou qu'elle soit fermée, et comme on dit : Les plaisanteries les plus courtes sont les moins longues. A bon entendeur salut !
Ces estrangers y s'iront au diable, tandis que nous, nous ne suivrons pas ces mauvais bergers qu'y z'hurlent avec les loups, comme les moutons de Panurge, et qui nous entraîneraient comme euss, sans faire semblant de rien, dans les pâturages d'une vicissitude sans lendemain pour l'avenir.
Mais soyons brefs car l'heure passe, chers amis et concitoyens, et je me dois de conclure. Si je suis revenu à Tarascon, c'est pour vous délivrer de toutes les choses que je vous ai causé à l'instant. J'ai avec moi mon fusil et je mettrai dans ma gibecière tous ceux, toutes celles et tous les autres qui en voudront à la morale chrétienne et à la république une et indivisible. Nous ne laisserons pas saper les fondements les plus légitimes de nos institutions par ces crachats qui glisseront sur nous comme des épées de Damoclès. Duralex sed lex, mais c'est la loi ! ".
Voici le plus bel hommage que j'ai trouvé pour présenter
cette édition renommée de Tartarin qui contient les dessins originaux, non
moins renommés, de Albert Dubout pour cette œuvre… Pierre
DAUDET (Alphonse) & [DUBOUT (Albert)] : Tartarin de
Tarascon. Paris A l'Emblème du Secrétaire, 1939. In-8° broché, couverture
rempliée. Nombreuses compositions en couleurs de Dubout coloriées au pochoir
par Jon et Raynal dont 1 à double-page et 18 H.T. Exemplaire numéroté sur Vélin
Aussedat n° 1605. Etat parfait. Vendu
6 commentaires:
Bonjour,
L'ouvrage me paraît intéressant et enfantin. Je ne connais pas la globalité de l'histoire du Tartarin, mais je dirais (et il me semble) que c'est un bon livre à lire aux enfants.
S'il fallait qu'un étranger fasse une caricature du " français moyen " en rentrant chez lui, il pourrait s'inspirer de ce roman écrit pour les petits et les grands [il en existe des éditions beaucoup plus populaires, je vous rassure et même en livre de poche]. Il a été écrit après une guerre perdue par les français en 1870. C'est un ouvrage sans prétention, amusant mais fort bien tourné.
Le discours présenté n'est pas dans le roman mais donne le ton. Il est en " mauvais français " et les subtilités de langage ne sont pas toujours évidentes à comprendre pour un non-initié. Je suis, malheureusement, beaucoup moins bon que Alphonse Daudet ;-)) Pierre
J'ai oublié de préciser que tous les français (et beaucoup d'européens) connaissent " Tartarin de Tarascon ". C'est un héros de légende dans notre pays ! Pierre
Eh bien, il faut que j'en achète un et que je fasse lire à mes futurs élèves! Une version de poche me suffira, même si je dirais que celui-ci est mieux illustré qu'une version poche.
Hélas, il faut que je garde un peu de l'argent à côté pour la survie.Ceci dit, j'ai déjà acheté beaucoup de livres qu'il faut.
J'avais lu le premier chapitre sur Internet et franchement, il m'a fait envie.
Et les autres villes de France (Besançon, par exemple), elles n'ont pas de héros aussi connus comme Tartarin? - Haziq.
Beaucoup de villes ont leur héros historique mais la grande différence avec Tartarin de Tarascon (en Provence), c'est qu'il n'a jamais existé que dans l'imagination de l'auteur et des lecteurs ;-))
Le même mythe s'est développé pour Le petit prince de Saint-Exupéry, pour Quasimodo avec Notre-Dame ou Gavroche avec Paris mais jamais de façon aussi marquée.
Des lecteurs du blog pourraient nous donner des exemples où un héros mythique est associé fortement à sa ville ?
Pierre
Oh ben, sans aller chercher bien loin, César, Marius et Fanny ont largement contribué à développer une fausse image d'un Marseille d'opérette.
Jean-Michel
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