lundi 18 mars 2013

Jérôme Doucet et sa famille : par Christian Lamard – 3eme partie


Voici le troisième volet du périple conté par Christian : Où l'on constate que Le destin est étrange, et qu'il provoque les choses… Quand Murer rencontre Jérôme Doucet :

Eugène Murer, le pâtissier, se désintéresse de son commerce, et au contact d'artistes tel Renoir se sent inspiré. Il vend sa pâtisserie, achète un hôtel à Rouen, et construit une maison à Auvers sur Oise, où il suit une cure auprès du docteur Gachet (oui, le monde est petit). Il se met à peindre.

Dédicace du docteur Gachet à « mademoiselle Marie Meunier Murer », 1895.
A Rouen, l’Hôtel du Dauphin et de l’Espagne lui sert de vitrine. Il y organise des projections de la nouveauté : le cinématographe Lumière, ainsi que des expositions de sa collection (ce qui ne plaît pas du tout à Renoir). Mais Rouen, c’est loin. Il cherche un gérant sur place. Ce sera Jérôme Doucet, qui rencontre peut-être ainsi Eugène Murer, et sa sœur, Marie Meunier.

Le 24 juillet 1897, Marie Meunier et Jérôme Doucet se marient à Paris. Les témoins sont notamment René Baschet, pour Jérôme Doucet, et « Pierre Renoir, artiste peintre, cinquante six ans, 33 rue La Rochefoucauld ».

Acte de mariage de Marie Meunier et Jérôme Doucet. On reconnaît les signatures des témoins : René Baschet, directeur de la Revue Illustrée, à laquelle collabore Jérôme Doucet, et Renoir.
Le mariage de Marie sonne un peu la fin de la bonne fortune d’Eugène Murer : il faut partager la collection, et si quelques tableaux ne posent pas de problème (chacun garde son portrait, par exemple), le frère et la sœur n’arrivent pas à trouver un accord. Une grande partie de la collection sera alors vendue.

Maire Meunier, de seize années plus âgée que Jérôme Doucet, mourra après la première guerre mondiale. Jérôme Doucet ne se consolera pas de ce deuil, et de nombreux indices le montreront dans sa production. Il publiera notamment une nouvelle édition d’un de ses contes, « la Mort au beau visage », en hommage à sa femme.

Hommage de Jérôme Doucet à son épouse Marie, Avant-propos de « Verrières », 1926.

Extrait d’une lettre autographe de Jérôme Doucet, sur papier de deuil, datée de noël 1929.
Texte de la lettre : « C’est ainsi qu’un jour je me trouvai en face de celle qui devait devenir ma femme et que je sus instantanément que nous serions unis, pour mon bonheur. La douleur que j’eue de la perdre et que dix années n’ont pas atténuée… ».

Avec un tel entourage (parents et épouse), on comprend que Jérôme Doucet se soit intéressé à la poésie, au point de retraduire Anacréon et Pétrone, et à la peinture, en publiant plusieurs études sur des peintres du XIXe siècle.

La présence de son frère Michel, plus jeune que lui de 12 ans, orphelin à 13 ans, a également pu jouer dans le fait qu’il ait écrit de nombreux contes. Son pseudonyme utilisé couramment comme journaliste, et plusieurs fois comme écrivain, J de Montfrileux, Montfrilleux, ou Montfrileux, est un hommage direct à son père, qui avait déjà choisi le nom de sa ferme natale pour publier ses poèmes et contes.

Jérôme Doucet mourra an 1957, à l’âge de 92 ans. Il aura été actif pendant plus 50 ans, publiant une soixantaine d’ouvrages, dont une dizaine de titres de la Bibliothèque Rose, sans compter ses participations à de nombreuses revues, poèmes, critiques, contes, dont assez peu ont été reprises en volumes. Christian

Portrait de Jérôme Doucet en 1925, par Edgard Maxence, publié dans « Verrières », chez l’auteur, 1926. Doucet a soixante ans.
Je renouvelle à Christian mes félicitations pour cet article fort original, qui mêle l'érudition et l'émotion. Pour ma part, j'ai présenté à chaque fois un petit ouvrage de Jérôme Doucet en frontispice de ces belles pages, et l'on constate que le bonhomme savait s'entourer d'excellents illustrateurs. Pierre

3 commentaires:

calamar a dit…

merci Pierre !
et je suis entièrement de ton avis : Doucet apparaît plein de bonté, attentionné et simple... un modèle !

Textor a dit…

La Trilogie de Calamar, comme on l’appellera désormais, m’a donné envie d’en savoir plus sur cet auteur. Un petit tour sur les sites de vente en ligne pour vérifier si d’aventure j’avais lu qqchose de Jerome Doucet, au moins dans la Bibliothèque Rose, m’a révélé que l’auteur avait la cote. Il faut mettre la moitié du prix d’un incunable pour obtenir ‘les choses meurent’ dans une reliure de Saintu.
C’était aussi un bibliophile averti, parait-il. Je me demande ce qu'est devenue sa bibliothèque.

Merci Christian et Pierre !

Textor

calamar a dit…

le risque de ce genre d'article est de faire monter la cote... et je suis plus acheteur que vendeur :)
Merci Textor !