lundi 16 juillet 2012

Satire de Petrone. Traduction et commentaires par un érudit en 1803...

Petrone (vers 14 - vers 66) est un écrivain latin à qui l'on attribue le roman Satyricon. Né à Marseille, il fut d'abord proconsul en Bithynie, puis fut nommé consul pendant le règne de Néron. Bien que cette fonction eût perdu beaucoup de son importance alors, elle montre l'influence dont jouissait Pétrone. Tacite le décrit déjà comme un homme de plaisir, dormant le jour et vaquant à ses affaires la nuit. Il devint ensuite un ami de Néron. Ce fut après sa retraite qu'il composa cette satire ingénieuse où il décrit les vices du prince et la dépravation de sa cour.


La vie de Pétrone et la traduction de son ouvrage plaira-il aux amis du blog ? Rien n'est moins sûr ! Beaucoup de mes lecteurs ont en morale, des principes sévères. Les amis de Sénèque ne peuvent être les amis de Pétrone et la description avantageuse qui est faite de l'auteur, dans l'ouvrage de Monsieur Durand, blessera vos stoïques regards et votre prude conduite… Je voudrais vous voir plus tolérant, en fait : Ne juger les hommes que d'après ses propres opinions, c'est se condamner, me semble t-il à n'aimer et n'estimer personne ! Je ne dis pas cela pour vous tous qui me lisez, bien évidemment, car je sais vos âmes sensibles et vos principes honorables.

Or, ce qui est dit de Pétrone dans ce livre nous le montre poussant toujours plus loin les barrières de la volupté et l'érudition du luxe et des plaisirs. On doit cependant lui reconnaître une politesse ingénieuse et une délicatesse exquise. Faut-il y voir le reflet de son caractère efféminé ? Je ne sais. On peut juste le blâmer d'avoir amusé son maître en inventant chaque jour des fêtes nouvelles. Si Pétrone n'avait pas été Pétrone, Neron n'aurait peut–être pas basculé dans le vice, n'aurait pas taché ses mains de sang et couvert son visage de cendres…

Si Pétrone a corrompu Néron, il a néanmoins payé pour ses vices. N'a-t-il pas quitté la vie avec une aisance et un détachement qui rappellent le martyre ? Seuls les Saints, qui savent que la vrai vie est ailleurs, ont poussé aussi loin la constatation que " mourir ", c' est simplement "cesser de vivre sur terre"…

On ne croira jamais que des hommes sans cesse entourés d'une atmosphère infecte puissent ne pas en contracter l'odeur. Et pourtant ! Combien d'auteurs qui ont vécu dans le stupre et la licence ont vu leur œuvre littéraire teinté de nobles sentiments, d'un beau style, et d'idées progressistes ?

C'est pourquoi l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente a toutes les chances de combler un amateur de belles lettres ou un bibliophiles amateur d'ouvrages rares. La satire de Petrone doit être lue comme un témoignage des écueils à éviter pour embellir la vie et conjointement des moyens les plus marrants pour la rendre agréable ;-)) Pierre


PETRONE. Satire de Pétrone, chevalier romain. Nouvelle traduction par le citoyen D.***** (Durand) suivie de Considérations sur la Matrone d'Ephèse, et d'un Conte Chinois sur le même sujet. Paris chez Gérard, libraire rue Saint André des arts, N°44. 1803. 2 volumes au format in-8. Reliure pleine basane aux plats vert olive encadrés d'un filet et d'une roulette dorées, le dos lisse, devenu insolé, présente deux pièce de titre et tomaison en maroquin cerise, filets et motifs dorés, roulette sur les coupes, roulette encadrant les contre-plats, tranches jaspées, page de garde en papier coloré. 444-363 p. Belle édition rare sans rousseurs. Défauts de reliure : premier mors du tome I fendu sans laxité, des coins et coiffes usées. Des lettres (p1 à p136) entre le traducteur et un érudit, en préface, présentent l'ouvrage dans son temps. Des notes et la version latine sont placées en fin des volumes. Deux autres textes sont analysés en fin du tome II (p 319 à p 363). Bel ensemble peu fréquent à la vente. 190 € + port

6 commentaires:

sebV a dit…

Ma foi, faire de Pétrone un saint animé au moment de sa mort d'un dolorisme chrétien c'est osé :)
Il n'y a, à mon sens, pas d'espoir d'un monde meilleur chez les stoïciens juste l'acceptation fataliste de la mort.

Pierre a dit…

C'était osé, SebV ;-))

Nous sommes néanmoins d'accord sur le résultat !

Le chrétien vit dans l'espoir d'un paradis mérité, le stoïque dans l'acceptation de la vacuité du temps. Tous deux l'acceptent, l'un avec bonheur, l'autre avec résignation... Pierre

Textor a dit…

Haa ! Pétrone ! qui disait qu'un appétit satisfait éveille de nouveaux désirs... (Satiricon, CXII )- Comme cela s'applique bien aux bibliophiles ...

sebV a dit…

c'est la chance des libraires !

Textor a dit…

Salve lucrum !

Pétrone fréquentait les marchands de curiosités du quartier de Subur, et revenait souvent avec un rouleau ou deux, des curiosa essentiellement. Il disait que la rareté fait le prix des choses et veillait à ce que les ouvrages soient complets (on ne comptait pas en feuillets manquants mais en nombre de tours de parchemin.)

T

Pierre a dit…

Voilà maintenant Petrone bibliophile !

Nous sommes d'accord sur le fait que ce gars avait de nombreux vices mais pas celui là, quand même ;-)) Pierre