Je viens de
lire ta jolie page sur ton blogue. Je crains que tu ne mesures pas toutes les
conséquences de tes actes :
- À l'heure où les relations turco-européennes sont pour le moins "fragilisées",
- À l'heure où la laïcité est portée en étendard par les plus ringards de nos partis et où ses adversaires en Turquie fragilisent l’œuvre de Kemal,
- À l'heure où le livre "Soumission" de Houellebecq, qui fait de Huysmans un auteur majeur, est présenté comme le signe annonciateur de la fin de notre civilisation, à ces heures sombres donc, tu te places sous le patronage de je ne sais quelle vierge ayant donné naissance à un enfant adultérin, pour conforter Houellebecq dans toutes ses thèses huysmaniennes, dans toutes ses thèses déclinistes et anti-progressistes, n'hésitant pas à faire péter ton bilan carbone pour aller brûler en déchetterie des livres qui sont un formidable réservoir à oxygène cérébral !
Pierre, est-ce bien raisonnable ? Éric. Librairie Lettres Vives. Tarascon
Mon Petit Jésus lisant dans les bras de sa mère - voir cliché en couleur dans le dernier billet - fut donc, pour mon ami libraire, la goutte d'eau bénite qui fit déborder le vase déjà bien rempli de la laïcité à la française qu’il prône dans sa boutique.
Je lui suis gré de ce rappel à l’ordre. J’ai trop frôlé
les portes célestes depuis quelque temps que j’en ai perdu le bon sens commun !
Nul n’a l’obligation de croire en un Dieu pour avoir une vie et une mort exemplaires. Si
faire le bien est une vertu, le faire n’est pas nécessairement une vertu
religieuse. Je prône moi-même un altruisme qui découle d’exemples empruntés à
des hommes d’origine modeste et cela ne suppose pas d’être né dans des
circonstances extraordinaires, ni d’être doué d’un héroïsme au-dessus de la
portée naturelle des hommes... Ces vertus peuvent s’appliquer à des vies les
plus simples, les plus obscures, les plus dénués de tout intérêt divin.
Mon dessin n’était pas de promouvoir des vertus religieuses louées par Huysmans ou par son laudateur contemporain Houellebecq mais de prôner simplement le bien de l’instruction et la tristesse d'un autodafé involontaire. La consommation sans modération d’échanges de Mathieu Ricard avec ses coreligionnaires en réflexions absconses a, sans doute, enivré mon esprit perméable, ces derniers temps. Je vous promets de relire entièrement les œuvres de Gaston Lagaffe pour lutter contre ce penchant délétère… Pierre