mardi 28 juin 2011

Maria Chapdelaine, célèbre roman de Louis Hémon.

Une maison isolée, au nord du Canada, dans la province du Québec. Là vit la douce et belle Maria Chapdelaine. La ville la plus proche est Peribonka où, un jour de printemps, Maria et son père Samuel rencontrent François Paradis, le trappeur. A l'évidence, François éprouve les sentiments les plus tendres pour la jeune fille, que courtisent également un brave bûcheron, Eutrope Gagnon, et Lorenzo, un citadin aux belles manières qui vient régulièrement commercer dans la région. Mais c'est le trappeur que Maria préfère ! Il s'est d'ailleurs déclaré le premier, promettant de l'épouser à son retour du chantier où il passera l'hiver. La mauvaise saison est revenue, Les "Chapdelaine" ne pourront même pas assister à la messe de minuit car les chutes de neige ont coupé les chemins. Au long des jours et des nuits, Maria prie en silence pour que François lui revienne. Celui-ci, impatient s'est imprudemment mis en route, en pleine tempête, rêvant de passer Noël avec sa bien-aimée... Mais c'est son cadavre qui est ramené au village en ce jour de la nouvelle année..."Au pays de Québec, rien ne doit mourir et rien ne doit changer."



Voilà ! C'est une belle histoire que n'aurait pas relié Zola. Mais l'intrigue se passe chez les "canadziens" et plus précisément au Québec où la forêt remplace les corons… Louis Hemon (1880-1913) est un aventurier des temps modernes. Il naît dans une famille aisée, aux idées laïques et républicaines affirmées. Sportif accompli, il n'apprécie malheureusement pas la scolarité. A la sortie du lycée, le jeune homme entame des études de Droit à La Sorbonne. Mais il caresse l'espoir secret de partir pour l'Extrême-Orient. Après sa licence, il liquide son service militaire puis passe le concours de l'Administration coloniale. Reçu, il est affecté en Algérie. Mais la chose lui déplaît et il renonce à son poste.



C'est à Londres que Louis Hémon entre en littérature. Il commence en effet par écrire des billets pour la presse sportive française, notamment pour "Le Vélo" qui publie, le 1er janvier 1904, sa nouvelle "La Rivière", arrivée première au concours organisé par le quotidien. Dans la foulée, le journal propose au jeune homme un poste de correspondant dans la capitale anglaise et, à partir de là, Hémon envoie très régulièrement chroniques mais aussi récits et contes où perce déjà la patte de l'écrivain. Son premier essai en 1908 est suivi de deux autres romans : "Battling Malone", consacré à la boxe et "Monsieur Ripois et la Némésis", où l'on perçoit l'influence très nette du "Bel-Ami" de Maupassant. Ce dernier livre est sans doute fortement autobiographique et a pour thème majeur les déboires amoureux d'un jeune homme qui ressemble beaucoup à l'auteur. C'est que le Breton s'est mis en ménage avec une Irlandaise, Lydia O'Kelly, dont il vient d'avoir une fille.


Hélas ! Son épouse manifeste de graves troubles mentaux et elle est internée. La petite Lydia Kathleen est confiée par son père à Mrs Phillipps, sa tante maternelle. Quant à Hémon, il prend un billet pour le Canada. Nous sommes en 1911 et il ne sait pas qu'il n'a plus que deux ans à vivre... Après un séjour à Québec, Hémon s'installe à Montréal et prend un poste de commis d'assurances. Il écrit toujours des articles pour son journal, mais cette fois-ci, prend son inspiration dans la culture québécoise. Le 15 juin 1912, il part pour la région des pionniers.


Aux yeux des autochtones, Hémon semble un être bizarre, parlant peu, écrivant beaucoup dans le carnet qu'il promène partout, n'allant enfin jamais à la messe… Finalement, il s'installe de l'autre côté du lac Saint-Jean, et c'est là qu'il rédige la première version du livre qui lui assurera la célébrité : "Maria Chapdelaine."


Au printemps 1913, le manuscrit est fin prêt et expédié au "Temps", à Paris. Louis Hémon part alors pour l'Ouest canadien. Il s'arrête au village de Chapleau, en compagnie d'un camarade de route d'origine australienne et, le 8 juillet 1913, les deux hommes sont happés par un train ? L'accident demeure toujours inexplicable. Mystère…Les nombreux mythes entourant Louis Hémon nous l’ont fait connaître tout en cachant sa véritable nature. On s’entend pour lui attribuer une personnalité rebelle et mystérieuse. Il a donc tout pour passer à la postérité ;-)) L'ouvrage que je vous présente est une petite édition numérotée en grand format et sur beau papier. Il est illustré par Alexandre Alexeieff qui deviendra, plus tard, renommé en tant que réalisateur de films d'animation. Pierre
HEMON Louis. Maria Chapdelaine. Récit du Canada Français. Paris, Editions du Polygone, 1927. In-4° broché, couverture rempliée illustrée. Frontispice et 25 lithographies originales et 16 lettrines d'Alexeieff. Tiré à 650 exemplaires, celui-ci est l'un des exemplaires sur vélin des manufactures Mongolfier d'Annonay (173/600). Quelques rares rousseurs. Bel état. 115 €

3 commentaires:

Pierre a dit…

C'était un petit moment de fraicheur offert par nos cousins "canadziens" ;-)) Comment se comporte le marché du livre ancien outre-mare ? Les commentaires sur des blogs amis, en France, semblent alarmistes. Contagieux ? Pierre

pascalmarty a dit…

Je connaissais le nom de Maria Chapdelaine mais je n'ai jamais lu le livre, et j'ignorais tout de l'auteur (jusqu'à son nom, à vrai dire). Mais on se demande lequel de ces deux destins est le plus funeste.

Euh, dites, vous trouvez pas que cette Maria, sur la couverture, a de faux airs d'Olive Oyl ?

Pierre a dit…

Gagnon est en effet plus connu sous son sobriquet : Popeye... Bien vu. Pierre