Je propose aujourd'hui une œuvre posthume de Alfred de Vigny (1797-1863) qui fut officier, poète et romancier. Il fit partie du premier "Cénacle" de Victor Hugo et fut l'un des chefs de l'école romantique avec Lamartine et Théophile Gautier. Détail qui me le rend sympathique, il échoua quatre fois à l'Académie, en 1842 contre Pasquier et Patin, en 1844 contre Saint-Marc Girardin et Mérimée. Il fut élu le 8 mai 1845 à l'épuisement du jury en remplacement d’Étienne, et reçu le 29 janvier 1846 par le comte Molé. Irrité sans doute de ses échecs antérieurs, Alfred de Vigny insista lourdement sur son élection en célébrant dans son discours la victoire romantique qu'il venait de remporter. À la suite de cet incident, tous les académiciens marquèrent une grande froideur à leur nouveau confrère qui fut tenu en quarantaine, ce qui est normal pour cette assemblée (sic).
Seul, Victor Hugo lui resta fidèle et refusa d'être nommé directeur tant que les dispositions de l'Académie ne changeraient pas. Cinq-Mars (1826) est son chef-d'œuvre. Il a laissé Stello, Chatterton, 1835, La Maréchale d'Ancre, les Poèmes antiques et modernes 1822, Eloa, 1824, et les Destinées, œuvres posthumes que je vous propose à la vente aujourd'hui. Indifférence du public ; lorsqu'il mourut le vide se fit autour de son cercueil qui ne fut accompagné que de quelques romantiques de la première heure. Sur un blog ami, il pourrait être un bon candidat pour l’Académie des oubliés !
En 1864, après la mort du poète, son exécuteur testamentaire, respectant sans doute ses intentions définitives, réunit onze de ses pièces sous le titre Les Destinées et avec le sous-titre "Poèmes philosophiques". Cette double désignation est heureuse. Le problème de la destinée demeure posé d'un bout à l'autre du recueil, et Vigny l'aborde à la fois en poète et en philosophe.
Le recueil que je propose, édité en 1898 à petit nombre et richement illustré, est précédé de Moïse, écrit en 1822 et publié en 1826. Vigny s'inspire ici de la Bible. A travers ce personnage, le poète exprime l'angoisse de sa solitude morale, et ses premiers doutes devant le mystère de la justice divine. Les Destinées qui donne son nom au recueil vient ensuite et porte en épigraphe "C'était écrit". On sent tout de suite que l'auteur est un joyeux drille…
La condition humaine avec son fardeau de misère, est-elle inéluctablement soumise à une fatalité qui interdit toute espérance et rend vain nos efforts ? Vient ensuite une série de poèmes tout aussi déprimants. Les acheteurs dépressifs sont amenés à s'éloigner du gaz pendant la lecture de cet ouvrage. Enfin, malgré la résistance des tyrannies et des préjugés de Wanda, poème dénonçant la cruauté des tyrans, l'avenir radieux de l'humanité verra le triomphe de L’Esprit pur, poème qui couronne le recueil et apparaît comme le testament spirituel du poète glorieux et triomphant… Ouf !
Les bibliophiles intéressés par cet ouvrage apprécieront que l'exemplaire présenté soit nominatif et tiré à petit nombre par un professionnel renommé pour la qualité de ses éditions (Edouard Pelletan). Pierre
Destinée,
Inutile de fuir ou de lutter
C'est écrit dans notre destinée
Tu ne pourras pas y échapper
C'est gravé !
Inutile de fuir ou de lutter
C'est écrit dans notre destinée
Tu ne pourras pas y échapper
C'est gravé !
VIGNY. (Alfred De). Les Destinées précédées De Moïse. A Paris chez Édouard Pelletan, Paris 1898. Un volume broché à couverture rempliée. Format in 8 raisins de 196 pages, enrichi de gravures de G. Bellenger, gravées par Froment. Bandeaux, culs de lampes et vignettes. Tirage total à 350 ex. numérotés en chiffres arabes, et 50 ex. de présent, numérotés en chiffres romains. Exemplaire n° 101, un des 250 sur vélin des papeteries du Marais. Exemplaire nominatif imprimé pour M. Henri Dechelette. Un portrait de Vigny en frontispice. Très bel état dans son papier cristal d'origine. Vendu
7 commentaires:
Le monde va décidément trop vite. J'aurais pu trouver des trucs à dire sur la géographie (et a fortiori sur les cartes de géographie, domaine assez fascinant). Mais sur Vigny…
Je ne dirai donc rien.
Pour cette fois.
C'est moi qui vais trop vite, Pascal, je vous rassure !
Samedi et dimanche, je ne présenterai pas de livre, c'est promis. Vous allez penser que les tarasconnais font toujours la fête mais jusqu'à lundi soir se déroulent les fêtes de la Tarasque avec l'arrivée de Tartarin à Tarascon.
En fait rien à voir avec la Tarasque et le culte de Sainte Marthe ; rien à voir avec notre Tartarin et ses expéditions mais plutôt une fête populaire où les auto-tamponneuses se marient avec les bodega, les concerts gratuits de Mickaël François et les encierro-abrivado-bandido à l'ancienne...
Je serai sur scène dans le troisième tableau de clôture des latinos-lovers. Je compte sur cette exhibition pour m'attirer les faveurs des bibliophiles présents sur le parvis du château. Pierre
Chatertton, fallait oser ! Une oeuvre dont on a du mal à se défaire, comme dirait le capitaine Haddock ! (c'était ma minute culturelle...)
Textor
Je vous avais précédé Textor, dans les références patrimoniales incontournables, avec les derniers vers présentés dans ce billet et qui appartiennent à un monument de la chanson française... Cela vous dit quelque chose ? Pierre
Heu ! Non, là c'est trop culturel pour moi. Je ne vois pas ...
Textor
Qui rentre d'une belle vente de manuscrits enluminés où au moins 7 ou 8 lots ont été préemptés par les institutions. Le Fouquet a fait 380 000 euros sans les frais (à 26% ! )
Je l'aurais bien vu dans ma bibliothèque mais il me manquait environ 379 500 euros.
Enfin, il me reste le catalogue, richement illustré, un in-folio en cartonnage qui sera un des fleurons de ma collection de catalogues !
Bravo aux institutions pour ces achats. Le seul petit regret que j'aurais à faire est qu'un livre qui rentre en bibliothèque n'en sort plus jamais (sauf vol, révolution, etc...) !
Il me semble encore vivant chez un particulier qui a encore la chance de craindre un revers de fortune ;-)) Pierre
D'un autre coté, un livre qui part en bibliothèque peut être consulté tandis que chez un particulier, on le perd de vue pendant quelques décennies.
En plus, les institutions faisant sortir du circuit deplus en plus de livres, ceux qui restent sont de plus en plus rares et précieux !! :))
Textor
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