lundi 22 juin 2009

Causerie du lundi de philippe Gandillet : Mon ami Anatole France...


L'auteur de ce billet n'est pas celui auquel vous vous attendiez.

En effet, Pierre (nous sommes assez amis pour nous appeler par nos prénoms respectifs) étant dans l'incapacité matérielle d'écrire, à l'encre de ses incontournables week-end de beuverie, un article brillant sur une feuille de papier vierge m'a demandé de le remplacer dorénavant en ce début de semaine pour vous présenter un des ouvrages pris au hasard sur les étagères de sa boutique. Il me sait concis dans la phrase et précis dans le mot aussi j'ai tout de suite compris qu'il pourrait tirer quelque avantage de cette notable caution intellectuelle auprès de sa modeste clientèle.

"Pouends chelui qu'ai en hau à gauche avé la photo d'Anatole !" me proposa-t'il en ce clair matin (je ne suis pas cafteur mais il peut être d'une médiocrité crasse quand il boit). Muni du précieux livre, j'ai préféré, vous le comprendrez aisément, rentrer au plus vite chez moi pour accomplir la tâche qui m'était incombée. (ps : vérifier si cette formule élégante est en bon français)

"Le Crime de Sylestre Bonnard" d'Anatole France ! Diantre, mais il me semble que l'ouvrage a déjà été présenté sur d'excellents blogs bibliophiles! La tâche me semble rude mais la finalité recherchée par notre cupide libraire étant différente (marchande), je ne m'embarrasserai pas de tournure alambiquée…

Laissez-moi simplement le plaisir matinal de chausser mes pantoufles, d’endosser ma robe de chambre et d’essuyer une larme dont la chassie matinière obscurcit ma vue. La suave lumière qui inonde mon cabinet de travail ranime, pour l’heure, mon esprit engourdi par un réveil languissant. Des étincelles de soleil en filigrane fleurissent les vitres des fenêtres et me cachent, ce matin, la végétation endormie. L’adagio plaintif de Samuel Barber me rappelle à la mélancolie du soir et à l’infinie beauté du génie humain. Une main négligemment passée sur ma barbe naissante rythme de son bruissement harmonieux, une mélodie déjà parfaite. J’approche alors de la table fraîchement cirée un fauteuil confortable. Près de moi, un ventilateur mobile souffle son doux zéphyr emportant avec lui le parfum mielleux de l’encaustique. La plume prend parfaitement sa place dans mes doigts gourds. Il est bien évident que je ne dois pas essayer de rivaliser avec notre écrivain de talent et au moment de faire une notice bibliographique irréprochable, rechercher des images, un style ou des métaphores qui ne me sont pas familières. Je dois sagement me borner à utiliser les mots avec le sens qu’ils ont au dictionnaire et mettre en péroraison un prix raisonnable sur ce charmant ouvrage.


FRANCE (Anatole). Le Crime De Sylvestre Bonnard. Membre De l'Institut. Description du livre: Calmann-Levy Editeurs, Paris, 1935. État : Bon. Paul Destez illustrateur. Edition aux armes de 6fr.75. In-8. Ouvrage broché orné en sa couverture d'une reproduction photographique tirée d'un film Américain à gros budget, 112 pages. Edition illustrée de compositions et de vignettes in texte de Paul Destez et d'un frontispice représentant Sylvestre Bonnard à l'institut. Exemplaire 22535/5465-5-35 par Brodard et Taupin de Coulommiers-Paris. Papier uniformément mais légèrement jauni. Le dos et un tiers des plats présentent quelques défauts d'usure compatibles avec l'age du livre sinon bel exemplaire. N° de réf. du libraire 1.

 
C’est un peu court quand on connaît mon goût pour l’acribiologie mais il faut quelquefois se contenter de l’essentiel… Votre dévoué. Philippe Gandillet

1 commentaire:

Pierre a dit…

Déjà, des laudateurs impartiaux cherchent à percer mon identité !
J'interviendrai pour des "causeries du lundi" teintées de Mazarinade si mon caractère facétieux ne vous déplait pas.
Philippe Gandillet